dimanche 27 août 2023

Hypnotherapy de Dave Elman
Où il est question d'état hypnotique, d'états hypnotiques, d'état d'esprit, et de nuage.

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Lorsque je me suis lancé dans la relecture d'Hypnotherapy de Dave Elman, je pensais avoir choisi un sujet riche et une moisson facile. Un mois plus tard, la richesse se confirme, mais la métaphore agricole est devenue une version chasseur-cueilleur suivant des pistes à travers les frondaisons.

Pour commencer, le style et la pédagogie de Dave Elman, que je trouve fort plaisants par ailleurs, suivent un chemin progressif et constellé d'anecdotes, demandant au lecteur une attention assidue. Pour reprendre l'analogie de l'éléphant qu'un certain nombre d'aveugles tâtent et décrivent de différentes manières, Dave Elman nous fait découvrir le sujet en nous en faisant caresser le pourtour suivant une progression de son choix, à charge pour nous de nous faire une image de la bête. Autrement dit, le souci premier de l'auteur est d'enseigner l'hypnose, plutôt que de la définir et la décrire de manière théorique.

La conséquence directe de cette pédagogie est que je me suis retrouvé face à la nécessité de digérer l'intégralité du volume avant de me sentir en mesure d'en dire quoi que ce soit.

Le point que j'ai choisi de traiter aujourd'hui, et qui pourrait sembler simple à aborder est de discuter de ce qu'est l'hypnose pour Dave Elman. Il en donne bien une définition axiomatique (sic) dès la page 26, que je ne cite et discute qu'a là toute fin de l'article. La raison en est que là aussi Dave Elman suit une progression qui à mon sens ne révèle sa cohérence qu'à la lumière de l'ouvrage dans son entier.

Passant l'ouvrage à travers un certain nombre de cribles de mailles choisies, j'ai conservé un certain nombre de points pour amorcer la discussion. Commençons par le fait que pour Dave Elman l'hypnose est une relation entre un sujet et un opérateur reposant sur trois pré-requis:

  • L'hypnose nécessite une communication entre l'opérateur et le sujet
  • L'hypnose nécessite le consentement du sujet
  • L'hypnose nécessite la confiance du sujet en l'opérateur

Il s'agit ici de nécessités au sens logique ou absolu du terme, première pierres dessinant le contour de ce qu'est l'hypnose pour l'auteur.

Outre qu'il va s'agir d'une relation de communication dans laquelle l'adhésion du sujet est fondamentale, Dave Elman déduit de ces trois points que, puisqu'aucun ne porte sur la nature ni du sujet ni de l'opérateur, alors tout le monde est hypnotisable, et tout le monde peut hypnotiser.

Ce point prend un intérêt particulier dans le contexte des études actuelles qui reposent sur les échelles d'hypnotisabilité, dans les quelles le développement d'un état hypnotique est essentiellement à la charge du sujet. Ici le rôle et les techniques de l'opérateur, et la relation entre l'opérateur et le sujet prennent une place centrale.

Ces techniques de communication sont regroupées par l'auteur sous différent termes, dont en particulier "sémantique hypnotique" et "art de la suggestion". Nous reviendrons sur la question de suggestion plus tard, mais j'en profite ici pour souligner le terme "sémantique" qui implique que ce qui va être important est le sens transmis, ce qui a une portée plus vaste que le simple choix des mots.

Une autre conclusion que l'auteur tire du fait qu'aucun des trois pré-requis ne porte ni sur la nature, ni sur la longueur de l'induction hypnotique, est que leur nombre est infini. Il insiste en particulier sur le fait qu'une induction hypnotique puisse être rapide, point crucial à son sens pour son acceptation et utilisation dans le monde médical.

De fait, la question de l'induction rapide d'un état hypnotique permettant en particulier une analgésie profonde est un des chevaux de bataille de l'auteur tout au long de l'ouvrage. Ainsi, Dave Elman propose tout un panel de techniques mais en répétant qu'il ne s'agit là que d'une palette d'exemples d'utilisation de la vraie technique, à savoir ce qu'il nomme la sémantique de l'hypnose.

Revenant sur la nature de l'hypnose, il va maintenant s'agir de suivre ce que Dave Elman présente comme étant les produits de cette sémantique, où art de la suggestion. Au début du livre, il semble relativement clair que, pour lui, le but est d'obtenir est un état clairement défini, qui peut s'induire rapidement, et qui a pour but l'analgésie médicale.

Cependant, dès les premières anecdotes, l'auteur prend rapidement du champ et cet état bien clair laisse la place à un paysage plus divers et complexe. Là encore il ne présente pas chaque état d'une manière linéaire, mais les dévoile et revient dessus suivant les nécessités de sa pédagogie. Mon but étant différent, je me permets de factoriser les produits de ma lecture et vous les propose sous la liste d'états suivants:

  • Transe hypnotique
  • Transe somnambulique artificielle
  • Transe somnambulique vraie
  • État d'Esdaile
  • Transe hypnotique associée au sommeil
  • L'hypnose éveillée

Les termes que j'ai choisis sont une traduction personnelle, qui ne cherche en particulier pas à les placer en relation avec les déclinaisons d'autres auteurs, mais à les nommer d'une manière cohérente avec l'ouvrage et qui en permette la discussion ultérieure. D'autres découpages sont possibles, et la liste n'a aucune vocation à être exhaustive par rapport aux expériences hypnotiques possibles.

La transe hypnotique est le premier état atteint à travers l'art de la suggestion que Dave Elman décrit. Il s'agit d'un état de relaxation, mais dans lequel l'esprit du sujet reste totalement éveillé et actif. Dans cet état, le sujet est réceptif aux suggestions physiques comme verbales.

L'auteur insiste sur l'importance pour l'opérateur d'apprendre à reconnaître cet état, et en donne des marqueurs physiologiques: (1) développement d'une chaleur corporelle, (2) frémissement des paupières, (3) augmentation du flux lacrymal, (4) Rougissement ou rosissement du blanc des yeux, (5) remontée des globes oculaires. Et un peu plus loin, il note qu'un de ses élèves dit avoir remarqué qu'en état de transe le pouls radial du sujet devient plus faible, plus difficile à sentir. N'ayant pas lui même observé ce point, il l'offre à l'expérimentation de ses élèves.

Les signes que j'ai pu retrouver moi même jusqu'ici sont le frémissement des paupières, et des mouvements oculaires sous les paupières qui vont en effet plutôt vers le haut. Mais le mouvement oculaire que j'ai remarqué le plus, y compris sur moi même, ce sont des mouvements oculaires rapides qui peuvent se développer à un certain moment que j'associe à une activation particulière de l'imagination. J'avoue ne pas avoir jusqu'ici fait de la recherche de ces signes un réflexe, et ne saurais dire de manière définitive s'il y a une parenté entre les mouvements oculaires rapides dont je parle et ceux que Dave Elman mentionne. Lorsque j'aurai plus de renseignements, que la source en soit la littérature ou mon expérience propre, je ne manquerai pas d'en faire note.

Sur ces bases, on pourrait penser que pour Dave Elman l'hypnose est un état particulier et bien défini. En fait, la progression de l'ouvrage révèle que si l'auteur insiste sur ces marqueurs au début, c'est afin de proposer un but relativement simple à obtenir et à reconnaître afin de permettre à ses élèves de pratiquer et de faire leurs premiers pas. L'auteur insiste d'ailleurs sur le fait qu'il attend de ces derniers qu'ils pratiquent beaucoup et qu'ils s'attendent à des échecs.

En effet, Dave Elman prévient que pour l'essentiel, au début de la pratique ses élèves doivent s'attendre le plus souvent à permettre à leur sujet d'expérimenter un état de relaxation, rien de plus. Il insiste d'ailleurs sur le fait que la capacité d'induire cet état est déjà un bénéfice notable dans le cas d'une pratique médicale.

Outre le fait de prendre en compte les échecs comme à la charge de l'opérateur, et non pas comme un signe d'une hypnotisabilité du sujet, cette démarche place aussi l'état de relaxation obtenue par l'art de la suggestion à l'intérieur du périmètre de l'hypnose.

Dans tout un pan de la recherche actuelle en revanche, le niveau de réponse à une induction standard est considérée comme du fait du sujet, qui sera de cette manière classé comme plus ou moins hypnotisable. En outre, l'état de relaxation se trouve différencié de celui d'hypnose, y compris dans des études qui vont chercher à discriminer les effets de l'hypnose de ceux que l'on peut obtenir par relaxation simple.

Comme nous venons de le voir, cette opposition ne fait aucun sens dans le contexte de l'ouvrage de Dave Elman, qui bien que parti d'une vision où l'hypnose est un état, s'en éloigne petit à petit.

De fait, il discute dès les premiers chapitres des autres états dont j'ai fait la liste. Il introduit la transe somnambulique artificielle comme un état transitoire, dans lequel la relaxation physique du sujet est telle qu'il ne répond plus verbalement. Il le mentionne essentiellement afin de le différentier de la transe somnambulique vraie, qui elle implique ce qu'il appelle une relaxation mentale telle qu'une amnésie se développe.

Je reviendrai très certainement en détail sur cette progression lorsque j'aurai pu expérimenter les inductions correspondantes. Ce qui m'intéresse ici, outre d'enfoncer le clou sur la variété d'états hypnotiques que l'auteur présente, est de souligner qu'il s'intéresse avant tout à leur utilité pratique. En effet, cet état somnambulique est pour l'auteur celui ou le sujet peut mettre en oeuvre le plus efficacement les suggestions qui lui sont faites. D'où la nécessité, en particulier lorsque le but est une anesthésie, de ne pas le confondre avec le somnambulisme artificiel.

Outre l'analgésie, il donne de nombreux exemples d'utilisations de cet état, qu'il regroupe sous le terme d'hypno-analyse. Quoi que non dénuée d'intérêt pratique, cette partie de l'ouvrage méritera plutôt d'être traitée lorsque nous discuterons des utilisations thérapeutiques de l'hypnose, ce qui, pour utiliser la formule consacrée "dépasse la portée du présent article".

Toujours est-il que, suivant ce somnambulisme comme l'un des protagonistes de l'ouvrage, il devient de plus en plus clair qu'il est encore plus malléable et complexe que sa première présentation l'aurait fait présager. Ainsi, partant d'un état plus ou moins catatonique où le sujet a les yeux fermés et ne parle pas, l'auteur évolue vers des situations dans lesquelles le sujet communique, yeux ouverts, donnant toutes les apparences d'un état éveillé. Réussir à travailler avec un sujet somnambulique qui a les yeux ouverts est d'ailleurs pour Dave Elman le signe d'un praticien accompli.

Cet état qui est un peu l'état de transe central du livre, développe ainsi des variations et subtilités tout au long de l'ouvrage qui m'ont fait comparer la conception de l'hypnose de l'auteur à un nuage. En effet, le mot nuage décrit utilement une certaine réalité, bien définie lorsqu'on la contemple depuis une certaine distance. Cependant, dès lors que l'on s'en rapproche dans une tentative d'affiner la définition de ses contours, ils n'en deviennent au contraire que plus flous. Et si l'on pousse ses efforts jusqu'à se convaincre que l'on a capturé le nuage dans son sac, l'ouvrant ensuite pour en profiter, force est d'admettre que de ce succès ne reste que du vent.

Ainsi, de la relaxation à la transe hypnotique, puis à la transe somnambulique vraie, l'auteur nous a présenté non seulement seulement un nuage, mais ses déclinaisons allant du cirrus au cumulonimbus.

Encore que pour coller au plus près à l'image, il faudrait associer à la puissance du cumulonimbus celle de l'état d'Esdaile. Cet état, que Dave Elman relie aux travaux du docteur Esdaile, et dont il raconte sa découverte avec son talent pour les anecdotes qui fond de l'ouvrage une si plaisante lecture, est un état de catatonie dans lequel une anesthésie parfaite est obtenue sans qu'il soit nécessaire de la suggérer.

L'étude des manières d'obtenir cet état, ainsi que son exploration par la pratique sont bien sur de fascinantes perspectives, dont le débroussaillage de la littérature concomitante est en cours, en pièces plus ou moins éparses sur mon établi. Je crois avoir perçu que c'est un des points sur lesquels Dave Elman est le plus controversé, et je suis curieux de comprendre la distance qui semble séparer ce qu'il dit avoir réalisé de ce que d'autres pensent être possible.

Parlant d'états controversés et ouvrant sur des études potentiellement fascinantes, l'état suivant, d'hypnose associée au sommeil, se place ton sur ton. C'est un des points exotiques de l'ouvrage, et que je n'ai jusqu'ici vu discuté nulle part ailleurs: il s'agit d'approcher une personne endormie partant du prémisse qu'une partie d'elle peut nous entendre, et de lui parler d'une manière qui permette d'induire rapidement un état hypnotique avant qu'elle ne se réveille. C'est là un phénomène tout à fait curieux et qui va probablement nécessiter un certain nombre de recherches avant que je puisse en discuter plus longuement.

Passant les exemples spectaculaires décrits, et revenant à la liste des états hypnotiques comme fil directeur pour explorer ce qu'est l'hypnose pour Dave Elman, nous avons vu comment l'état d'hypnose a évolué pour devenir une myriade d'états, reliés par le fait qu'ils sont produits à travers l'art de la suggestion. Dans la narration de Dave Elman, ces états sont aussi présentés comme suivant une certaine progression, qui me semble reposer sur deux points.

Le premier point qui suggère un certain classement est la discussion de leur efficacité relative par rapport à l'obtention d'une analgésie. Le second critère est une progression temporelle qui suit l'évolution de l'auteur dans ses découvertes de ce que l'art de la suggestion permet.

Si elle donne à l'ouvrage une certaine cohérence narrative, cette progression ne me semble cependant pas de portée fondamentale. Une lecture attentive me fait dire qu'il est en particulier possible de s'affranchir de l'idée que les états hypnotiques présentés forment une séquence en profondeur vers un état de plus en plus hypnotique. J'ai utilisé le mot myriade précédemment, je peux le remplacer ici par le terme constellation, qui décrit bien un ensemble de points reliés par des lignes imaginaires qui peuvent avoir leur utilité, mais dont la réalité objective peut être discutée.

La notion d'état hypnotique bien défini, et dans une certaine mesure celle d'un classement par degrés de profondeur, finit de voler en éclat lorsque l'on considère le dernier point de la liste, à savoir "l'hypnose éveillée" ("waking hypnosis" dans le texte). Cet "état", ou plutôt label, vise à couvrir les situations dans lesquels le sujet met en oeuvre une suggestion de manière hypnotique, sans qu'une transe soit induite.

Pour comprendre ce dont il retourne, commençons par la distinction que Dave Elman présente entre une suggestion normale telle que "asseyez vous je vous prie", et une suggestion hypnotique comme "et maintenant vous ne sentez aucune douleur". Je paraphrase et caricature la seconde allègrement dans le but de souligner que la différence fondamentale entre ces deux suggestions est la manière dont le sujet la met en oeuvre.

Si maintenant vous en êtes à vous dire "Mais, et si on me propose de m'asseoir et que je me suis assis sans y faire attention, est-ce que c'est un cas d'hypnose éveillée ?" voire "Et si on me dit que je n'ai pas mal mais que j'ai mal, est-ce qu'il ne s'agit pas alors d'une suggestion simple ?", je vous laisse l'espace entre la fin de ce paragraphe et le début du suivant pour y réfléchir.

Si vous n'avez pas les deux fois convergé sur une réponse positive, revenez un paragraphe en arrière. Dans un second lieu je propose de laisser de côté la recherche des cas limites, en se reportant éventuellement à la discussion précédente sur les nuages.

Revenons à ce que Dave Elman entend par hypnose éveillée. Il l'explicite par des exemples couvrant des suggestions produisant une analgésie lors d'une conversation, mais aussi une mise en scène visant à proposer à son fils un placebo pour dormir. Dans tous les cas, bien qu'il ne donne pas de recettes techniques particulièrement claires, Dave Elman précise qu'il s'agit d'utiliser l'art de la suggestion afin de verrouiller l'esprit du sujet sur une idée. La réussite de ce verrouillage fait la différence entre une suggestion normale et une suggestion hypnotique. Pour Dave Elman ce qui fait la différence entre les deux provient de la manière dont le sujet réagit.

Ainsi, au lieu d'avoir d'un côté des suggestions, et de l'autre un état d'hypnose, nous avons au contraire une présentation dans laquelle les suggestions sont à la fois le moyen et le but. C'est à travers leur utilisation que l'état du sujet se modifie, et c'est en se modifiant que l'état du sujet lui permet de mettre en oeuvre les suggestions d'une manière différente. Cette présentation, outre de rendre l'étude des différences entre suggestion et hypnose sans fondement, a des implications pratiques puissantes, en particulier en portant l'attention sur le caractère itératif d'une induction hypnotique.

Revenant une dernière fois à la liste des états d'hypnose, il me semble que nous pouvons maintenant apprécier combien ils sont reliés de manière cohérente par la définition axiomatique (re-sic) de l'hypnose que donne Dave Elman page 26 et que je traduis par "L'hypnose est un état d'esprit dans lequel la faculté critique humaine est court-circuitée, et une pensée sélective est établie".

L'utilisation de "un état" au singulier apparaît maintenant comme le soulignage grammatical du lien de toutes ces manifestations à travers une même parenté. Laissant de côté l'utilisation de l'art de la suggestion pour l'obtenir, Dave Elman ne garde comme fondement de l'état hypnotique que la fluidité inhérente à un état d'esprit et les deux caractéristiques qui sont le court-circuit de la faculté critique et l'établissement d'une pensée sélective.

Ces deux termes demandent bien sur explication. Dave Elman utilise faculté critique pour décrire le sens de la réalité de l'être humain. En d'autres termes la capacité qui lui permet de différencier le haut et le bas, le petit et le grand, le chaud et le froid, etc. Il insiste en revanche tout au long du livre sur le fait que le sujet conserve toujours ses facultés d'attention et le libre arbitre moral et éthique normale, voire les voit décuplées. Ce point qui pose beaucoup de souci et de craintes encore aujourd'hui, il dit l'avoir vérifié à travers de nombreuses expériences, avec pour effet que lorsqu'on lui présente une suggestion qui ne lui convient pas le sujet soit l'ignore, soit sort immédiatement de transe. Ce qui est, notons le, en totale adéquation avec la nécessité de consentement donnée au début de l'ouvrage comme l'un des trois pré-requis à l'hypnose.

La pensée sélective quant à elle est définie comme étant une pensée à laquelle on croit de tout son coeur, justement d'une manière non critique. Tout l'art de la sémantique hypnotique, et donc de l'enseignement de l'auteur, vise à verrouiller la pensée du sujet sur une idée, ce qui est une autre manière qu'il a de décrire la pensée sélective. En revanche, Dave Elman n'élabore ni ne théorise sur les mécanismes qui permettent d'arriver à un tel résultat. C'est là un champ qu'une branche "socio-cognitive" des recherches en hypnose tente de défricher, et que je trouve particulièrement prometteur. Quelles stratégies cognitives sont mises en oeuvre par le sujet pour mettre en oeuvre des suggestions de plus en plus complexes ? Et qu'est-ce qui dans son interaction avec l'opérateur fait que ces stratégies sont rendues possibles, facilitées, ou au contraire inhibées ?

De ces points, Dave Elman se tient éloigné avec un élégant pragmatisme, se cantonnant à donner beaucoup d'exemples en particulier pour les situations où verrouiller l'esprit du sujet sur une idée touche à un art.

Outre les enseignements pratiques dont je n'ai de loin pas fini d'extraire la richesse, je trouve que ce livre souligne l'unité du phénomène hypnotique, et la nécessité de l'étudier comme un tout. Et si à la lecture de la définition de l'hypnose proposée par l'auteur vous vous êtes dit qu'elle pourrait convenir à d'autres techniques que l'hypnose, je ne peux qu'opiner et passer une dernière fois la parole à Dave Elman, dont je traduis ici les mots: "L'hypnose était connue et utilisée sous d'autres noms variés il y a des milliers et des milliers d'années. Elle a porté tous les noms, de Yar-Phoonk(un dialecte Hindi), à vaudou, magie, incantations."

Les noms changent, les méthodes évoluent, mais le coeur de la question reste le même, et dont la la forme est celle d'un nuage.

Références

  • Hypnotherapy : Elman D (1984) Hypnotherapy. Westwood Publ, Glendale, Calif